Clément Cordero : l’Interview

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Depuis maintenant 17 ans, Clément Cordero vit de sa passion pour le spectacle. Nous avons rencontré ce professeur de théâtre et metteur en scène lyonnais au Rikiki Café-théâtre, où il a répondu à nos questions.

En tant que professeur de théâtre, vous êtes amené à travailler et former des comédiens non professionnels. Comment gèrent-ils le trac ? Est-ce qu’ils l’appréhendent tous de la même manière ?

Alors évidemment non, mes élèves ne gèrent pas tous le trac de la même manière. Certains sont plus angoissés que d’autres à l’idée de monter sur scène devant un public. Dans le groupe qui jouait hier, quelques-uns ont pris des congés plusieurs jours avant tellement ils étaient stressés.

Après, comment ils gèrent le trac ? Et bien j’ai envie de dire comme tout le monde, c’est-à-dire qu’ils font avec. Généralement on fait une série d’exercices de respiration et des étirements de manière à se sentir un peu plus détendu avant la représentation.

Cela étant, le trac n’est pas ce qui m’inquiète le plus, je préfère qu’ils l’aient justement. C’est ce qui va mettre la petite pression qui va faire que l’on est bon sur scène. Pour citer Sarah Bernhardt, elle avait répondu à une jeune comédienne qui affirmait qu’elle n’avait pas le trac : « ne vous inquiétez pas, ça viendra avec le talent ».  

Quelles différences constatez-vous lorsque vous travaillez avec des comédiens professionnels et des comédiens amateurs ?

La différence majeure c’est qu’avec les amateurs on ne peut travailler que le soir. Alors que pour nous dont c’est le métier, on peut travailler toute la journée. C’est très rare d’ailleurs que les professionnels répètent tard le soir comme le font les amateurs.

L’autre grosse différence, c’est qu’il faut que les amateurs intègrent toutes les spécificités de la scène et du jeu théâtrale en plus de leur travail pendant la journée. Il faut arriver à combiner les deux, ce qui n’est pas toujours simple.

Aujourd’hui, est ce qu’il est facile de vivre du spectacle ?

Je ne dirais pas que c’est facile, mais on peut quand même en vivre convenablement.

C’est une vie assez incertaine, puisque chaque année tout est remis en question. Tout le monde est content de décrocher sa première intermittence, mais 12 mois après il faut la refaire. Donc ce n’est pas évident. Il faut travailler tout le temps. Ce n’est pas un métier où on peut s’arrêter comme ça. Il ne faut pas avoir peur de travailler plusieurs jours d’affilés sans prendre de pause.  

Mais c’est très cool de pouvoir vivre de sa passion et de faire un métier qu’on aime.

Comment s’est passée vôtre arrivée au Rikiki en tant que prof, comédien et metteur en scène ?

Cela fait maintenant un bon moment que je connais ce lieu. J’ai eu la chance d’avoir l’une des deux patronnes comme élève, donc j’entretiens de très bonnes relations avec elles.

 J’ai joué beaucoup de pièces au Rikiki, et à force de revenir je peux affirmer que l’on se sent comme à la maison ici.

Lorsque l’on est professeur de théâtre, comment est-ce que l’on arrive à jongler entre tous les groupes d’élèves ? Ils ne progressent sans doute pas tous à la même vitesse ?

Je dirais que c’est ce qu’il y a de plus compliqué. Gérer les écarts entre les groupes et même au sein d’un même groupe. Ce travail commence dès le début d’année. C’est à ce moment-là que j’évalue le niveau de chacun en une ou deux séances. Après, pour assurer un suivi rigoureux je garde des petites fiches individuelles pour voir la progression des élèves et les points à améliorer.

Parfois ce sont des « coups de poker ». Cette année, j’en ai fait un par groupe. Je dois faire confiance à des gens qui ne sont parfois jamais montés sur scène, pour qui c’est une première. Heureusement, en général ça se passe bien, il y a le déclic et c’est parti.

Alexandre Pérou